Le château fort
(LISTE DES IMMEUBLES ET OBJETS CLASSES MONUMENTS NATIONAUX) (Voir plan)
Le château fort de Vianden est aujourd’hui une des plus grandes et des plus belles résidences féodales des époques romane et gothique de toute l’Europe. Le château de Vianden qui avait déjà attiré l’admiration de Victor Hugo lors de ses visites au Grand-Duché, forme un ensemble de bâtiments représentatifs d’une longueur totale de 90 m, protégé par une enceinte circulaire.
Après avoir franchi successivement trois portes, le visiteur pénètre dans la cour inférieure qui est dominée à gauche par la magnifique chapelle castrale, un joyau d’architecture romano-gothique.
Lors des fouilles de 1996, une tour octogonale du 13e siècle a été mise à jour dans cette cour. Une première hypothèse penchait pour un édifice qui servait à percevoir des droits de passage terrestres et fluviaux. Cette idée fut renforcée par le fait que l’architecture n’était pas militaire, mais bien civile. Les résultats des fouilles archéologiques, indiquent avec une quasi certitude que cet édifice, dont la hauteur n’est pas connue, était en service entre 1230 et 1400.
Après avoir franchi la quatrième porte, qui était munie d’une herse, nous nous trouvons dans la cour inférieure coté est du château.
A gauche, un escalier à grandes marches monte vers le bâtiment dans lequel se trouve, au premier étage, la galerie monumentale. Un magnifique portail roman représente l’entrée principale du château. Ce portail, décoré primitivement de six colonnes avec chapiteaux et d’une archivolte en plein cintre formé de trois boudins, est malheureusement très effrité dans sa partie inférieure.
Le corps de bâtiment avec la galerie monumentale
Le bâtiment avec la galerie monumentale date des alentours de 1200. A part la porte d’entrée représentative, deux fenêtres aux encadrements romans sont préservées du coté est. Au premier étage, à la galerie monumentale on peut admirer la riche architecture des six fenêtres trilobées.
La salle des cavaliers
La salle des cavaliers a une longueur de 21 m. Couverte initialement d’un plafond en solives, la salle était munie d’une très belle voûte gothique vers la fin du 14e siècle. La salle et le hall d’entrée, qui datent de la seconde moitié du 16e siècle, ont été restaurés de 1966 à 1969. Sous l’entrée il y a les armoiries richement sculptées de Nassau-Vianden, Baden-Sponheim et Vianden. Le voûtement de la salle mérite toute l’attention. Il est à deux nefs irrégulières et à 10 travées et repose des deux côtés sur 8, et au milieu sur 4 colonnes. Le pilier rectangulaire doit absorber la poussée en longueur de la plus ancienne partie de la voûte. Les 4 travées de l’entrée retombent sur une colonne ronde. Dans la salle des cavaliers, appelée encore salle d’armes, sont exposées des armures, des hallebardes, des piques, et des pertuisanes.
La crypte archéologique
Lors des fouilles à la terrasse, des couches médiévales datant du 9e au 12e siècle, provenant d’une enceinte carolingienne de forme ovale furent découvertes. En-dessous on a trouvé, dans un amas de matériel de destructions, un nombre important de matériel céramique datant du Bas-Empire (romain), exposé dans cette salle.
La cuisine primitive
En sortant de la crypte archéologique, le visiteur accède à une pièce qui a été dégagée vers 1930 et qui est recouverte d’une dalle en béton. Dans l’épais mur de séparation entre la crypte archéologique et ce bâtiment, dont les superstructures ont complètement disparu, on remarque les restes d’une grande cheminée de cuisine coiffée d’une pyramide en verre. En contrebas du mur extérieur, les soubassements de la première courtine du haut Moyen Age restent visibles.
La chapelle inférieure
Dans le sol de la chapelle inférieure, on a découvert les soubassements d’une tour carrée de 10,50 m de côté avec des débris contigus de courtines, identifiés comme étant les restes d’un castel romain qui a existé de la fin du 3e siècle jusqu’à la première, respectivement la deuxième moité du 5e siècle et qui fut détruit par le feu.
Dans la chapelle inférieure à plan décagonal existe, du coté sud-ouest, un balcon dont les soubassements d’un encadrement monumental sont documentés et restés visibles. Une ouverture centrale à plan hexagonal a permis une communication avec l’étage supérieur. Ce concept architectural permettait aux habitants de la ville, avant la construction de l’église des Trinitaires, d’entendre les cérémonies religieuses d’en bas, alors que les châtelains prenaient place à l’étage supérieur.
Le poêle des cavaliers
Le poêle des cavaliers ou étuve (pièce chauffable) est une très jolie pièce couverte d’une voûte en style presque entièrement roman.
La voûte d’arête en quatre travées retombe sur quatorze colonnettes avec de riches chapiteaux en style roman tardif, dont six sont encore en place. Les colonnettes étaient reliées par des arcatures aveugles. Au milieu de la pièce un pilier carré avec quatre colonnes en faisceau et chapiteaux supporte la voûte. Le sol semble avoir été couvert de petites briques rouges (provenant d’une époque non déterminée).
Les arcs-doubleaux très fins se terminent aux coins en boudins. A gauche et à droite de la cheminée se trouvent deux fenêtres avec arc en plein cintre, ornées chacune de quatre colonnettes. Ces fenêtres montrent à l’extérieur un arc roman et à l’intérieur des arcs romans surmontés d’arcs brisés.
La cour intérieure
En montant les escaliers au fond de la salle des cavaliers vers la gauche, nous longeons une magnifique porte romane, plus ciselée que sculptée, qui donne dans la galerie monumentale. Le portail montre dans son rayon intérieur une archivolte à un boudin qui continue des deux côtés par des chapiteaux et des colonnes en ardoise. Tout droit nous pénétrons dans une cour extérieure à pavements à galets; ses pavements reproduisent la couverture ancienne du sol.
Le chemin de ronde et la chapelle supérieure
Le rehaussement de la chapelle supérieure respecte le plan décagonal de la chapelle inférieure. Le bâtiment sacral est un joyau d’architecture du genre chapelle palatine à deux étages avec un riche décor en colonnes et colonnettes. Les premières, qui reçoivent la retombée des nervures demi-rondes de la voûte, sont ornées à mi-hauteur de bagues. Les chapiteaux et leurs tailloirs sont tous de style roman tardif.
La chapelle avait primitivement une toiture romane assez plate, qui sortait d’une corniche en encorbellement. Après le rehaussement du bâtiment par un étage supérieur, cette couverture romane fut transformée en toiture gothique, adossée au troisième pignon.
La chapelle a été restaurée avec un maximum de prudence et de sensibilité.
Polychromie.
La polychromie de la chapelle a été découverte sur base de sondages de deux périodes différentes pour une peinture ornementale: une première à prédominance rouge et une seconde en ocre jaune. Il a été possible de déterminer, grâce à de nombreuses traces de couleurs sur les pierres de taille des éléments architecturaux, la conception primitive de la polychromie de la chapelle.
Cette conception de la chapelle donne une image saisissante de la beauté de cette architecture: tous les éléments ayant une fonction statique et composés de plusieurs tronçons en grés rouge, dont les colonnes plus importantes, les nervures des voûtes et les boudins audessus des fenêtres présentent une couleur ocre rouge avec des joints feints en blanc; les colonnettes taillées d’une seule pièce (en délit) sont en gris-noir sans joints artificiels; un ocre jaune se retrouve dans les chapiteaux, dans les anneaux et dans les bases des colonnes et des colonnettes. Les arcades aveugles ont repris leur importance grâce à la réfection de leur ton ocre rouge, avec des joints blancs. Toutes les pierres de taille étaient recouvertes d’une fine couche de chaux très lisse qui servait de base à la peinture.
Le comte était présent aux offices plus haut dans une petite loge. La chapelle supérieure a la légèreté et le rayonnement du style de transition rhénan.
La galerie monumentale
La galerie monumentale (appelée aussi galerie Byzantine) est longue de 28 m et large de 7.60 m à 9.20 m. Six magnifiques ouvertures en archivolte à arcs trilobés du côté est (vallée) et quatre du même genre du côté ouest. Les chapiteaux romans étaient finement sculptés. Très endommagés et même perdus, ils ont été remplacés par des formes neutres. Il y avait 88 colonnettes et autant de chapiteaux.
Le grenier au-dessus de la galerie monumentale
La réfection du grenier du 2e étage a obligé l’architecte à relever les murs extérieurs à leur hauteur primitive et à y pratiquer du côté est des fenêtres carrées (gothiques tardives) qui devaient donner de la lumière à cette pièce. Au-dessus de ce grenier du petit logis seigneurial, il y avait dans la charpente encore deux étages supplémentaires.
Cette salle est mise à disposition du public pour des expositions temporaires.
La salle au-dessus de la chapelle
La couverture romane de la chapelle fut transformée une première fois à la fin du I3e siècle en toiture gothique, adossée au troisième pignon. Pour éviter une charpente trop haute et trop raide, on construisit sur la chapelle un étage supplémentaire avec trois fenêtres à croisillons.
Cette salle est mise à disposition sert à héberger des expositions temporaires ainsi que des réceptions et des réunions.
Le quartier de Nassau
Le visiteur revient sur ses pas et reprend l’escalier. Il trouve le quartier de Nassau au 1er étage en prenant l’étroit couloir à gauche.
De 1617-1621 le Prince Maurice d’Orange-Nassau-Vianden fit construire les pièces d’habition dans la tour d’habitation du 12e siècle et dans un bâtiment situé à côté.
Ce petit logement en style Renaissance est appelé «Quartier de Nassau». Mais le logement, dont la façade a été consolidée en 1911 par l’architecte allemand Bodo Ebhardt à l’aide de deux ancrages en fer, est resté sans toiture pendant 75 ans; ces ancrages ont pu être supprimés lors de la grande restauration en 1979.
La salle des banquets
Petite pièce chauffable par une cheminée de 1450 avec les armoiries de Nassau/von Lootz. La pièce a conservé sa cheminée du I5e siècle dont les armoiries et les rosettes ont été restaurées. Eclairée par 5 grandes fenêtres, elle est devenue, avec son ameublement d’époque, la salle d’apparat par excellence.
Chambre à coucher
Pièce chauffable avec petites fenêtres, située côté soleil et meublée.
Le grand logis seigneurial
Pendant les années 1198 à 1207, le château de Vianden allait subir une réorganisation architecturale de grande envergure.
D’après les dates fournies par les analyses dendrochronologique, l’étage supérieur de la chapelle (1198), la galerie monumentale et le grand logis seigneurial (1207) furent réalisés au cours d’un seul projet d’agrandissement.
L’édifice du grand logis seigneurial forme un rectangle abritant une vaste cave avec une salle au rezde-chaussée et une salle au premier étage. Tous les plafonds, y compris celui de la cave, étaient primitivement en solives.
La grande salle (1ier étage au-dessus de la salle
(appelée aussi salle Vic Abens)
L’entrée se fait par un très beau portail qui se distingue par une architecture gothique primaire très fine. On y voit une archivolte en arc brisé, formée de deux colonnettes de chaque côté. La porte gothique en bois de chêne n’est pas originaire du château.
Il s’agit d’une magnifique salle de 30,30 x 10,20 m et de 7 m de hauteur avec un plafond en solives. Il y avait primitivement deux cheminées: une première, provenant de la salle précédente et placée dans la tour du milieu; une seconde se trouve dans le mur de séparation avec le petit logis seigneurial.
La majestueuse salle des fêtes est éclairée par six fenêtres geminées, en pur style gothique primaire. Elles montrent à l’extérieur deux colonnettes fines avec des chapiteaux en feuillages qui se prolongent horizontalement dans la maçonnerie. Au milieu il ya une colonnette avec chapiteau de feuillage. Il y avait en tout dix-huit colonnettes avec chapiteaux aux fenêtres, dont la moitié bien conservées.
La tour dite Nassau
Elle fut érigée sur ordre du Comte Philippe-Guillaume de NassauVianden, règnant de 1604-1618 et achevée sous le Comte Maurice de Nassau de Vianden (règne: 1618-1625) en 1621.
Exposition des Armoiries de Philippe-Guillaume de Nassau (1554- 1618), comte de Vianden (1604-1618) taillés en 1621.
Exposition des Armoiries de Maurice de Nassau (1567-1625), comte de Vianden (1618-1621) taillés en 1621.
La grande cuisine
Elle consiste en une pièce rectangulaire de 10,10 m x 8,00 m. Les voûtes sont écartelés par quatre puissants arcs doubleaux segmentaires, qui s’entrecroisent sur un énorme pilier carré, se trouvant au milieu. La voûte en berceau du premier quart est dirigée du nord au sud; les deux autres quarts sont couverts d’une voûte en berceau dirigée de l’ouest à l’est. Le dernier quart enfin est pris par la hotte de la grande cheminée qui mesure 5,55 m x 4,15 m.
Cette cuisine du début du 16e siècle est installée dans une ancienne salle de la tour d’habitation du 12e siècle
Une voûte et la grande hotte ont été restaurées; un chauffage a été posé dans le revêtement du sol (Estrich). La présence de la «chambre à coucher» au-dessus de la cuisine empêchait la reconstruction de la hotte dans toute sa hauteur.
La salle contiguë à la cuisine
La restauration de cette pièce doit tenir compte de la présence d’éléments d’époques fort différentes, tels qu’une arcature romane d’un côté et une cheminée du 17e siècle de l’autre.
Salle de généalogie
Elle fut érigée sur ordre du Comte Philippe-Guillaume de Nassau-Vianden, règnant de 1604-1618 et achevée sous le Comte Maurice de Nassau-Vianden (1618-1625) en 1621.
Exposition des Armoiries de Philippe-Guillaume de Nassau (1554- 1618), comte de Vianden (1604-1618) taillés en 1621.
Exposition des Armoiries de Maurice de Nassau (1567-1625), comte de Vianden (1618-1621) taillés en 1621.
Le puits
Le grand puits fut taillé à 53 m de profondeur dans le roc, un travail tout à fait remarquable. Lors de la vidange du puits, on a retiré pas mal de matériel des deux guerres, mais même dans ses couches profondes aucune trouvaille archéologique ne fut faite (le puits ayant été vidé à plusieurs reprises).
La salle d’apparat dite des chevaliers
La salle des chevaliers mesure à l’intérieur 30,30 m x 9,60 m. La hauteur initiale du plafond en solives était de 5,20 m. Par la construction de la voûte, elle fut portée à 7,50 m sous clef ou 8,20 m entre les deux planchers.
La voûte est divisée en cinq travées, dont celle du milieu est beaucoup plus étroite. Les nervures et arcs-doubleaux d’une taille assez rudimentaire, retombent sur huit consoles très lourdes, soutenues par huit colonnettes. Dans les angles des murs nord et sud, les nervures sortent directement de la maçonnerie. Les clefs de voûte, dont quatre existaient encore, sont décorées d’un anneau en forme de demi-boudin avec un motif de fleur au milieu. Sur le côté nord de la salle se trouve une grande cheminée dont les montants (deux colonnettes) portent comme chapiteau une ornementation bien travaillée en feuilles de chêne. La salle prend la lumière du côté est par six fenêtres géminées de pure style roman avec douze colonnettes à l’extérieur. A L’intérieur les fenêtres forment des niches profondes avec des bancs en pierre de taille. Elles sont construites avec de solides pierres angulaires taillées avec précision; ces pierres étaient recouvertes au 13e siècle d’un enduit coloré en forme de bandeau.
La grande cave
La cave à deux nefs et dix travées est une pièce de 29 m x 9 m. La voûte d’arête repose sur des arcs-doubleaux à section rectangulaire et est supportée par cinq colonnes rondes de 68 cm de diamètre.
Le plafond était primitivement en solives.
Le bastion
Du côté nord un grand bastion fut taillé dans le roc et le fossé existant fut approfondi et élargi.
La tour noire
En 1692, lors d’un tremblement de terre, la «tour noire» a été très endommagée et s’écroula plus tard. Elle n’a été reconstruite, d’une façon malheureuse, que vers l’année 1930.